Biographie

 

Sophie Verbeek est née en France en 1962.  Dès l’âge de 15 ans, habitant en Angleterre, elle s’initie à des techniques diverses comme le dessin, l’aquarelle, la couture et la gravure sur linoléum. Après des études de commerce à Reims et à Londres, elle suit des cours d’histoire de l’Art à Dijon, qui lui font découvrir des artistes comme Dotremont, Hartung ou Alechinsky. Son intérêt pour l’expression graphique se concrétise quand elle découvre la calligraphie contemporaine en Belgique avec Roger Willems. En parallèle, elle intègre un atelier de peinture, étudie l’histoire de l’écriture et suit quelques stages de calligraphie en Angleterre, en Belgique et en France. Sa rencontre avec Brody Neuenschwander, est déterminante. Il l’initie à la libération de la trace et au « lâcher prise », tous deux nécessaires pour accéder à une forme d’écriture plus poétique. Pendant dix ans, elle participe au groupe des Doigts Noirs, qui lui ouvre encore d’autres possibilités graphiques. Elle poursuit alors ses recherches personnelles, basées sur l’expression du geste, le graphisme, la couleur et la conception de l’espace.

En 2013 elle intègre l’Atelier Vert Lumière d’art-thérapie animé par Gérald Quitaud afin d’acquérir une meilleure connaissance de soi. Cette discipline, basée sur les enseignements de Swami Prajnanpad et Arnaud Desjardins ainsi que sur le concept d’individuation, l’intéresse profondément. En 2016, elle décide d’intégrer la formation basée sur deux ans, pour devenir Art-Thérapeute Analytique. Sa pratique journalière du Yoga et de la méditation l’aide à créer un espace intérieur propice, pour s’éveiller au monde qui l’entoure.

Aujourd’hui, elle vit en Suisse avec son mari. Elle a exposé en France, Belgique, Suisse, Angleterre, Italie et aux États-Unis dans des expositions personnelles et collectives. Elle anime des stages de création artistique sur demande.

 Demarche artistique

Inspirée par des peintres tels que Dotremont, Hartung, Klee, Chillida, Cy Twombly, Zao Wu Ki ou Fabienne Verdier, ma recherche est basée sur l’utilisation de l’écriture comme expression graphique.

Les mots sont aussi bien calligraphiés que dessinés, brodés, griffés ou gribouillés sur différentes surfaces avec des outils divers et variés. J’explore ainsi les possibilités infinies de la trace écrite, me laissant aller à des jeux d’écritures où les mots se métamorphosent opposant ainsi le lisible à l’illisible, le visible à l’invisible, le sens au non-sens. Elans d’allégresses et caresses subtiles se juxtaposent ainsi sur la page, transformant le geste en un flux d’énergie puissant mais éphémère. Les mots inspirent, expirent, chantent et jouent dans un rythme musical et coloré, sous la lumière bienveillante de l’instant.

A l’écoute du tumulte du monde, mon travail est un hymne à la Vie. Témoignant, interrogeant et questionnant le ciel à coeur ouvert, j’invite le spectateur à partager avec moi  les mystères subtiles et ineffables du monde qui nous entoure.

 

Etat d’esprit                                                    

  Devenir ligne                                                           

  Goûter la couleur                                                    

  Savourer le silence                                                   

  Se lâcher vraiment    

Ecouter son coeur                                          

  Rire à n’en plus finir                                                

  Prendre de la distance                                             

  Chercher sa langue                                                  

  Jouer comme un enfant                                           

  Oser le laid                                                                  

  Rayonner sans brûler                                               

  Se faire plaisir                                                           

  Être en éveil                                                                

  Danser sur la page    

Chanter à tue-tête                                                     

 Sortir de son nid                                                        

 Questionner toujours plus                                        

 Etre authentique                                                         

 Accepter ses limites                                                  

 Sortir de sa zone de confort                                      

Aimer encore et  toujours

………….                           

 

Manifeste pour la ligne

La ligne en a marre. Trop c’est trop !

Il est temps de quitter ce papier de crabe et de s’envoler !

Elle ne veut plus de la dictature des portées, qui imposent une image usurpée de la beauté et rendent les lignes austères, répétitives et froides. Elle en a marre de former des mots, la ligne, d’être coincée dans un alphabet où les lettres ne lui rendent plus hommage, engoncée dans une dictature de lisibilité calligraphique où il n’y a pas de place pour le jeu à l’élastique ou la tarte aux pommes!  Elle veut vivre, la ligne. Oui vivre !

Elle n’appartient à personne, la ligne, même pas à la portée, et encore moins à l’alphabet! Elle veut danser, s’amuser s’envoler et vivre pour elle-même. Ne plus avoir de compte à rendre, ne plus se fier aux apparences, ne plus suivre la règle du jeu. Elle aussi, elle souhaite la rupture. La rupture avec l’hypocrisie ambiante, de ce que la ligne a droit de faire ou de ne pas faire, à qui elle appartient ou n’appartient pas.

Elle veut être elle-même. Cracher dans la soupe, si elle en a envie, faire des pâtés si bon lui semble, se vautrer par terre, ou chanter à tue-tête. Qui a dit que la ligne devrait toujours être belle, contrôlée et tendue? Qui peut prétendre que la ligne lui appartient ? Pourquoi vouloir la posséder ? La ligne est libre et elle revendique ses droits : courir, tourbillonner ou s’agglomérer où et quand bon lui semble ; même de faire grève de temps en temps !

Et si elle a froid, si elle est triste et si elle a envie de pleurer ? La ligne a le droit de trembler, d’avoir peur ou de se briser, d’être déprimée, de ne plus avoir goût à la page.  Elle a également  le droit à la lenteur, à la plénitude et même au silence. Au plaisir d’être là et maintenant, à se contenter de son état de ligne éveillée, méditative, dans des paysages de formes bien agités!

Elle a aussi  le droit de devenir tâche, même si elle ne ressemble plus à une ligne. Elle, elle se trouve ligne et c’est bien comme ça ! De temps en temps, elle aspire aussi à la paresse, à la mollesse et même pourquoi pas à la décadence. Une ligne bien sale, dégoulinante de partout, quel délice anarchique ! Couler, se dégrader,  pénétrer au cœur de la page ! Ah quel bonheur ! Se vautrer dans l’encre, tourner dedans, faire des gribouillis, se lécher les babines et devenir une scribouillarde avertie ! Attention, la ligne se lâche, se fâche, non, euh…se tâche !

C’est qu’elle a des complices la ligne !  Il y a le pinceau flagadapoumpoum, une petite merveille. Il ne ressemble à rien : trois poils sur le caillou. Tenu de n’importe quelle façon, par des doigts souvent noirs, noués, encrés,  il erre au gré des feuilles, dé-taché de tout, ne pensant pas à son prochain plongeon dans l’océan de matière. Il s’appuie et se relâche soigneusement, caressant de ses poils peu scrupuleux, le ventre tendu et soyeux de la page. La ligne respire amplement, pouvant voguer au gré de ses fantaisies, de ses humeurs, libre enfin de ses geôliers qui la retenaient emprisonnée derrière des grilles.

Puis, il y a le fameux tire-ligne, tireur de giclures, toujours pressé, petit, nerveux, tendu ; la ligne à bien du mal à le calmer, à lui faire entendre raison. Elle est nerveuse, la ligne, d’autant plus qu’il souffre de schizophrénie et du syndrome de « mode ». Il ne tient pas en place, le tire-ligne, et répète ardemment des tirades à n’en plus finir, ivre de reconnaissance à tout prix. La ligne en souffre, et souhaite que le tire-ligne se remette en question. « Il y a bien d’autres façon de travailler et de se tenir! » lui répète-elle. Mais le tire-ligne semble sourd à ses propos et l’ignore bêtement. Heureusement, que le cola-pen, qui n’en est plus à sa dernière bière, est là pour la réconforter. Tolérant, ouvert, ingénieux et décomplexé, il ne snobe aucune sorte de lignes et accepte gaiement la diversité et la créativité.

La plume d’oie, fine, souple, élégante et légère, elle, est une vraie princesse….! Mais sous ses airs d’aristocrate guindée,  elle cache un jeu subtil et sulfureux de petite sauvageonne. Il lui suffit d’une légère inclinaison, d’un positionnement à l’équerre sur la feuille, d’un relâchement de son corset, pour qu’elle postillonne et crache ses plus belles tâches amoureuses. Mais quelle légèreté ! Quelle souplesse ! Brillante, coquine et douce à la fois, la ligne rayonne sur la page.

Le carton, quant à lui, livre des traces sèches, fluides ou onctueuses ; tout dépendra de son état de sobriété. Trop d’eau et la ligne perd de son éclat, pas assez et elle se dessèche misérablement. Tout est une histoire de nuance et de tact !

Enfin, la pipette, de longueur diverse, offrira des coulis de framboise, de cassis ou de chocolat, à la ligne chantilly. Poisseuse, onctueuse, souvent trop sucrée,  la ligne gourmande et gourmette se regorge de ses mets délicieux et troublant en oubliant ses revendications. Une ligne doit garder la ligne, non ?

Voilà ! Tout  est dit (ou presque). Il n’y a plus de temps à perdre. Vas-y ma jolie, va explorer les contrées magiques qui nous entourent ! Joue, chante, crie ou pleure, mais exprime toi ! Parle nous de l’aurore, du vent qui souffle là-haut, d’un caillou qui tombe dans l’eau ou du chant d’un coquelicot. Cherche, creuse, et trouve. Fait nous rêver ! Et surtout aligne toi sur personne et reste toi-même!